"L'AUTOPORTRAIT" - ARTS PLASTICABRINI

Rembrandt

L’autoportrait est d’abord un genre pictural. C’est la représentation de l’artiste par lui-même. Ce genre émerge avec la Renaissance, vers le XIVème siècle (Trecento) et dure encore aujourd’hui.

Tout d’abord, l’artiste ne se représente pas seul mais plutôt au milieu d’une foule ou en action dans une scène, comme dans le tableau de Sandro BOTICELLI “L’Adoration des Mages” en 1475, ou même caché comme dans la peinture de Jan VAN EYCK, “Les Epoux Arnolfini” en 1434. Il pouvait aussi se représenter en train de peindre comme dans “Les Ménines”, de Diego VELASQUEZ, réalisé en 1656.

Puis peu à peu, l’artiste se met plus en avant. L’autoportrait devient un genre reconnu. C’est l’occasion pour les peintres de travailler leur technique, les ombres et les lumières avec la facilité d’avoir un modèle “sous la main”.

Ce genre permet aussi aux artistes de montrer leurs émotions, leurs sentiments, leurs vies intérieures. Des moments de souffrance par exemple comme chez Vincent VAN GOGH avec “l’Autoportrait à l’oreille bandée” en 1889, ou les peintures de Frida KAHLO évoquant son accident d’enfance, ou encore certains tableaux d’Edvard MUNCH, expressionnistes*, comme “le Cri” peint en 1893.

Chez les artistes qui ont réalisé beaucoup d’autoportraits pendant leur carrière, leurs œuvres permettent d’observer les effets du vieillissement sur leurs visages, et abordent donc la question du Temps qui passe. C’est une question particulièrement importante pour REMBRANDT, au XVIIème siècle, qui se peindra tout au long de sa vie en réalisant environ 80 autoportraits. Mais aussi pour Roman OPALKA, à l’époque contemporaine. Ce que REMBRANDT réalisait en peinture, OPALKA le faisait en photographie. Il a ainsi réalisé des images de lui-même presque chaque jour entre 1965 (début du projet “De 0 à l’infini”), et 2011.

Aujourd’hui le genre a quitté le médium unique de la peinture pour d’autres techniques : essentiellement la photographie, mais aussi la sculpture, comme le fameux autoportrait mobile (manipulé par les spectateurs) de TINGUELY, en 1988.

Chez nombre d’artistes, l’autoportrait permet de se transformer et de questionner son identité. C’est le cas des empreintes de Giuseppe PENONE, qui associe son propre corps à une ‘écologie’ (terre, arbres, plantes etc.). Ou encore les travaux photographiques plus narratifs des artistes contemporains Cindy SHERMAN et Yasumasa MORIMURA, qui interprètent des personnages ou revisitent des figures de l’art en se travestissant.

Bref, l’autoportrait montre un artiste s’interrogeant sur lui-même, sur sa pratique, sur sa vie pour tenter de répondre à la question « Qui suis-je ? » à travers son œuvre.